lundi 14 septembre 2009

Poèsie

16 mètres carrés




Des piles de livres entassés,
Des feuilles pliées, chiffonnées,
Une rouge fanée,
Un cuivre poussiéreux,
Un poème très vieux.
Une étagère désastreuse,
Dans le journal : une voleuse!
Une mouche écrasée,
Une flamme évasée,
Un miroir sans double jeu,
Des photos et un pieu.
Un tampon avec l’initiale: L,
Un ange dans un four sans ailes.
Un tableau sans lueur,
Une ombre qui fait peur.
Une tortue avec une carapace dodue,
Dans le radiateur, un poisson tout velu.
Une boule immensément grandiose,
Une robe pourpre en symbiose;
Des lamentations, des muses à terre,
De drôles de potions, et un petit cimetière.
L.V



Eté
(D’après un tableau de Giuseppe Arcimboldo).

Prendre ta main et dessiner les contours
Les retours de demain sur nos souvenirs
Une pomme, une poire, un fruit qui va périr

Toucher des yeux la matière qui glisse,
Qui devient sauvage ou câline.
Cligner de l’œil et faire des ombres sur la feuille
Faire respirer sa rétine sur l’odeur de la térébenthine.

Ecoutez avec son nez cette histoire qui parait illusoire
Entendre le pinceau faire l’amour avec la toile
Discerner les peaux mortes de cette nature vivante
S’enfermer dans l’atelier du silence,
Dans le ventre de l’attente.

L.V



Nighthawks.
(D’après un tableau d’Edward Hopper).



C’est dans une rue déserte que l’on trouve ce bar solitaire.
Des ombres réelles se collent aux baies vitrées,
Et dans le couloir des pas sont abandonnés.

De l’autre côté du temps
On aperçoit Madie, John et Walter
Et sur le comptoir quelques verres.

Des traits clairs sur fond sombre,
Un peu de poussière pour se morfondre
Une architecture rigide,
Et des morceaux de murs livides.

C’est un obscur théâtre qui communie dans la lumière,
A l’intérieur ça sent le tabac froid, le jasmin et l’énigme policière.
Les couleurs semblent avoir effacé le monde qui gesticule,
Pourtant autour d’eux la réalité se bouscule.

L.V